Sunday, 3 January 2021

Marie Dauguet: 'Au jardin'

 

Au jardin

 

A Marguerite Lemaire

 

Le brouillard imprécis dont le jardin se farde

Rase les bordures de buis. Par les sentiers

S'étire sa splendeur frêle où du jour se carde

Et pend en flocons d'or aux tremblants coudriers.

 

La saveur des œillets et des roses musquées

Rôde languissamment dans le soir violet;

Saveur imperceptible et partout embusquée

Sous les buissons mouillés, parfums doux des fruits.

 

Respirons cette haleine verte après la pluie

Des groseilliers, des coins mûris et des cassis,

Des feuilles de panais que le vent fraie essuie,

Le relent des pollens gluants, l'odeur des lis.

 

Respirons, sous l'ombrage épais, l'odeur des prunes,

Qu'on aperçoit, entre les feuilles, dans leur fleur

Délicate, et peintes d'un bleu de clair de lune,

Juteuses et tombant de l'arbre au moindre heurt.

 

16 octobre 1901

 

 

In the garden

 

To Marguerite Lemaire

 

The blurring mist with which the garden lards itself

Hugs boxwood borders close. And via the pathway frieze

Extends its fragile splendour, where day cards itself

And hangs in flakes of gold to trembling hazel trees.

 

The savour of carnation and of musky rose

Roams languidly in evening’s violet haze so mute;

A savour never sensed and ambushed where it flows

Beneath the bushes moist and damp, sweet scents of fruit.

 

Let us breathe in this breath of green that follows rain

Of gooseberries, blackcurrants, quince that’s ripened well,

Of parsnip leaves the fresh wind cleans of earth again,

The scent of sticky pollens, lilies’ powerful smell.

 

Let us breathe in the smell of plums beneath full shade

Which one can glimpse among the leaves, their bloom of such

Refinement, with the blue of moonlight now arrayed,

Juicy and falling earthwards at the slightest touch.

 

16 October 1901

 

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