Tuesday, 2 February 2021

Marie Dauguet: 'Le reitre'

 



Le reitre

 

Je rêve parfois d'une existence brutale;

Le donjon sur un roc inaccessible, au loin

L'humanité courbée et vague, et surtout point

De frein. Comme un fleuve ma volonté s'étale.

 

Je ne suis vraiment sous la couronne comtale

Qu'un reître violent, dépourvu de tous soins

Autre que le pillage et l'orgie, et j'ai moins 

D'âme que mon épervier. Nulle décrétale

 

Ne contraignit jamais mon désir et je vais 

Triomphant, au trot lourd de mon cheval de guerre

Ecrasant sans le voir tout ce qui grouille à terre:

 

Prêtres, soudards, vilains. Je vais le cœur en paix

Et trempant pour le teindre aux couleurs de ma gloire,

Parmi le sang versé mon étendard de moire.

 

 

The ‘Black Rider’

 

At times I have dreams of a violent, brutal life;

The keep that lies impregnable on a great rock,

Cowed, vague humanity far off, where I can mock

Restraints. Where, river-like, my boundless will is rife.

 

In the count’s service all that I need ever be

Is a thuggish soldier, my business on the whole

Is pillaging and orgies, and I have less soul

Than my trained sparrowhawk. And there is no decree

 

That’s ever reined in my desire and I depart,

To my war horse’s heavy tread, triumphantly

Crushing without a glance all that groans under me:

 

Priests, roughnecks, ruffians. At peace within my heart,

Soaking my glistening banner in the blood that’s shed

Dyeing in glory’s colours my flag of the dead.

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