IVRESSE
La neige est une ivresse immense qui s’obstine,
Voluptueuse, et clôt mes yeux appesantis,
Caresse nos chagrins plus vagues, amortit
Les sanglots du passé aux échos en ruines.
La neige est une ivresse où le cœur s’engloutit
Comme en l'abîme heureux qu’entrouvrent la morphine,
Le vin, l’éther, l’amour; un mausolée serti
D’oubli, un linceul doux brodé de perles fines.
La neige est une ivresse à l’insensible élan
Qui panse et qui guérit. Au sourire indolent,
La neige, c’est la Mort, d’un lourd manteau d’hermine
Royalement vêtue et qui, tendre et câline,
Dit, se penchant vers nous: «Le Vouloir t’a menti.»
Tandis que la douleur enfin s’anéantit.
INTOXICATION
Snow is a vast intoxication which persists,
Voluptuous, which closes eyes with heaviness,
Caresses our vague sorrows, dampens the distress
Of former ages’ sobs, their echoes’ ruined trysts.
Snow is a vast intoxication where the heart
Sinks as in blissful depths glimpsed through morphine and wine,
Ether or love; a shrine where one forgets time’s dart,
A gentle shroud embroidered with pearls rich and fine.
Snow is a vast intoxication that beguiles,
That tends one and that cures. With its uncaring smiles,
Snow is no less than Death, its royal robe of choice
A heavy ermine cloak, and in a coaxing voice
It leans towards us murmuring: ‘The will tells lies.’ –
And meanwhile pain, at last reduced to nothing, dies.
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