Rosefinch |
Jouis bien de toi-même, mon âme éparpillée
Jouis bien de toi-même, mon âme éparpillée
Parmi les grêlons d’or frappant les branches;
Sois au cœur de cette pervenche
La goutte d’eau… Et puis le soupir des feuillées.
Sois bien toi-même et chante à la façon du vent,
Mêlée à la strophe verte des merles,
De l’averse aux rolliers de perles,
Des sources follement au hasard dérivant;
Des merisiers semant un vol de bouvreuils roses,
Et dont s’effeuille, s’effeuille la neige,
Et des choses disant «que sais-je?...»
Qui n’ont connu ni règles vaines, ni poses.
L’espace est tout en fleurs, en rayons, en abeilles,
Il tombe en flocons frais, sur mes sens, de l’azur;
Une harpe voilée sous les taillis s’éveille
Aux rythmes compliqués et pourtant toujours purs.
J'entends parmi mon sang bruire les accords
Des ombres enlaçant leurs rondes trébuchantes,
Le gong de la lumière et le fluant essor
Des mousses et la voix large des eaux flottantes.
J’en sais plus que ceux-là qui vivent dans leur chambre,
Moi l'Errante, sur l’harmonieux univers,
Pour avoir écouté les grives de septembre,
Les loups l'hiver, en Mai le rire des piverts.
Laissons donc tous ces gens qui s’imitent l’un l’autre;
La grive ou le pivert ont des refrains
Divers, nul Boileau sourd ne les contraint,
Comme eux j’ignore et les maîtres et les apôtres.
4. mars.
Rejoice in your own self, my dissipated soul
Rejoice in your own self, my dissipated soul
Among the golden hailstones that branches bombard;
Be at this periwinkle’s heart
The water droplet… And the leaves’ sighs that console.
Above all be yourself and sing as does the breeze,
Mingled with the blackbirds’ green refrain,
With necklaces of pearls in rain,
With springs that madly roam and wander as they please;
With wild cherry trees that rosefinches put to flight,
And from which blossoming descends, descends like snow,
With all that says ‘what do I know?’,
Is unaware of vain rules, poses that are trite.
All space is full of flowers, of sunbeams and of bees,
And on my senses fresh flecks drop down from the skies;
A harp well out of sight wakes up amongst the trees,
With pure though complex rhythms which then synthesise.
And deep within my blood I hear soft-rustling chords
Of shadows interlacing their faltering rounds,
The gong of light and too the creeping upward soar
Of mosses and the moving waters’ ample sound.
I, Vagabond, compared to those inside their chamber,
Know more about the harmonious universe,
From having listened to the thrushes in September,
To winter wolves, May woodpeckers with laugh so terse.
Let us discard all those who ape and those who bore;
The woodpeckers and thrushes have refrains
That differ, no deaf Boileau1 that constrains,
Like them, both masters and apostles I ignore.
4 March
1 Boileau (1636-1711), wrote ‘The Art of Poetry’ (1674),
which defined the rules of French Classicism in poetry.
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