Le nain
Sur l’escalier de marbre où le couchant se joue
Des groupes enlacés s’attardent en l’odeur
Des jets d’eau frémissants et des jasmins en fleur;
Les belles vont rêvant, l’éventail à la joue;
Et le nain blottissant dans l’ombre sa laideur,
Sa guitare aux genoux, lui, triste, qu’on bafoue
Pour son échine en dôme et sa flasque bajoue,
Brûlant, meurtri, hagard, apaise son ardeur
En caressant du doigt, en pressant sur sa lèvre,
Chair douce et accueillante au désir qui l’enfièvre,
Une rose en bouton: épaules, seins nacrés...
O tendresse et pitié qui s'émanent des choses,
Loin des rires cruels, des dédains acérés,
Sous les baisers du nain s’est ouverte la rose!
The dwarf
On marble staircase played on by the setting sun
Clusters of couples linger in the scented hour
Of fountains that all shimmer, jasmine in full flower;
The dreaming beauties saunter, fan to cheek each one;
The dwarf, hiding in shadows his deformities,
Guitar across his knees, sad at folks’ ridicule,
For his domed spine and sagging jaw condemned a fool,
Feverish, haggard, scarred, his ardour would appease
By fondly fingering, by pressing to his lips –
Soft flesh that soon responds to his desire that grips –
A budding rose: with shoulder, pearl-white breasts…
Oh tenderness and pity which things emanate,
Far from cruel laughter, sharp disdain that never rests,
At the dwarf’s kiss its petals open in full spate.