La viole
Voici qu’au bord du ciel surgit la lune énorme;
La viole du vent pleure sous les grands ormes
Un vieil air désolé qui s’entourne et flageole
Et que reprend le chœur bruissant des feuilles molles.
Un vieil air désolé, qui flageole et s’entourne,
Et son rythme dément réveille au fond des sens
Le caressant écho qui dans la chair séjourne
Des baisers de jadis. Les spectres enlaçants
Des rêves que l’on fit semblent ressusciter,
Au gré d’un lent parfum lointain de roses mortes
En la bleuâtre nuit tombant des branches tortes,
Où la lune lilas embrouille des clartés.
Le présent irréel et vague se déforme
Et le passé me tend ses deux bras éloquents,
Dans l’ombre frissonnante et douloureuse quand
La viole du vent pleure sous les grands ormes.
The viol
Here at the sky’s far rim the huge moon upward sweeps;
The viol of the wind beneath the tall elms weeps
A sorrowful old air which trembles as it weaves,
And which repeats the rustling muted choir of leaves.
A sorrowful old air which trembles at it weaves
And its crazed rhythm reawaken deep within
The soft caressing echo which in flesh still lives
Of earlier embraces. Spectres much akin
To dreams of former times that seem to live afresh
In, far away, dead roses’ trailing fragrancy,
In bluish night which falls from pliant branches’ mesh
Where the large lilac moon obscures all clarity.
The vague and unreal present warps and onward creeps,
The past holds out its fluent arms in graceful style,
In shade that shivers and is melancholy while
The viol of the wind beneath the tall elms weeps.
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