DES ROSES (II)
L’heure où je m’étais complue
Déjà tombe dissolue
Et d’autres enchantements
Pénètrent dans ma demeure:
Les désirs naissent et meurent,
Sortis des vifs éléments.
Du crapaud, de l’astre à l’aigle,
Tout change et fuit, c'est la règle;
Depuis la fange aux sommets,
Comme nous, tout évolue,
A nulle forme absolue,
Monde, tu ne te soumets.
Des cieux même tremble l’arche;
L’éther comme un fleuve en marche
Roule dans ses tourbillons,
Dont éclosent ou s'achèvent
Les furtifs, les brûlants rêves
Des soleils par millions.
Et les roses en jonchées,
Brusquement du temps fauchées,
Qui saignèrent sous l’acier,
Dont le fourbe baiser glace,
A d’autres cèdent la place
Sur les branches du rosier.
Juin 1911.
ROSES (II)
The brief hour of my delight
Dims already from my sight,
Fresh enchantments will arrive
And my dwelling occupy:
New desires are born and die,
From live elements derived.
Toad and star and eagle – all
Keep the rule, they rise and fall;
Mire and mountain both admit
All evolves, we follow suit;
To a form that’s absolute,
World, you never will submit.
Even heaven’s welkin quakes;
Ether is a stream in spate
Nothing can its rush withhold,
There unfold or end the beams –
Countless furtive, burning dreams –
Of bright suns a millionfold.
And the roses in their heaps,
That abruptly time has reaped,
That beneath sharp steel then bled,
That the false kiss soon will freeze,
Place to others soon must cede
On the rosebush in their stead.
June 1911
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