Monday 25 July 2022

Marie Dauguet: 'Le soleil mûr se dilate'



Le soleil mûr se dilate

 

Le soleil mûr se dilate,

Puis superbement éclate

Fait de roses écarlates.

 

Au travers du firmament.

Quel splendide effeuillement

Se répand éperdument!

 

Cette étourdissante gamme,

Où tout le prisme s’enflamme,

La saisis-tu bien, mon âme?

 

O mon âme en oraison

Partageant de la saison

Les suprêmes pâmoisons.

 

Plus de parois, plus de voiles,

Les désirs fous des étoiles

Me secouent fibres et moëlles,

 

Des effluves acérés,

Aux vifs aiguillons dorés

Ont dans mes sens pénétré.

 

Le cantique des atômes

Me ravit et les arômes

Lointains des astres m’embaument.

 

Plus rien ne m’est étranger,

Je vis largement plongé,

Hors de l’instant passager

 

Parmi l’éther en délire,

Soupirant comme une lyre,

Où tout se palpe et s’attire.

 

Ce pourpre foisonnement

De fleurs, de rayons aimants,

Croulant du soleil dément

 

Me recouvre tout entière

Et dans ma chair altière

S’épanouit la lumière,

 

Et comme un brûlant concert

Au plus secret de mes nerfs

Ton rythme vibre, Univers!

 

20 Juillet 1911.

 

 

The overripe sun dilates

 

The overripe sun dilates,

Then superbly detonates

And scarlet roses creates.

 

Across the skies’ mutation,

What great defoliation

In wild acceleration!

 

This stunning range of light,

The prism entire ignites;

My soul, did you grasp that sight?

 

O my soul, immersed in prayer,

Sharing the season’s bright glare,

A swooning beyond compare.

 

No more veils and no more bars;

The mad desire of the stars

My fibres and marrow scars,

 

Sharp odours in a cascade,

Their barbed gold stings displayed,

On all my senses have preyed.

 

Hymns of atoms joy impart

And distant stars’ perfumes start

With fragrance to soothe my heart.

 

Nothing to me now seems strange –

Outside all moments that change

I, like some passenger, range

 

Midst the ether’s frenzied fires,

With sighing like that of lyres

Where all pulses and inspires.

 

This purple profusion spun

of flowers, loving rays that come

From the mad, collapsing sun

 

Completely envelops me;

And from my proud flesh I see

That the light begins to flee,

 

Like a concert in full spate,

To my nerves’ most secret place

Your pulse, Universe, vibrates!

 

20 July 1911

 

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