Je te salue, ô Feu
Je te salue, ô dieu premier né, Feu sacré!
Quand tu parais au ciel les collines bondissent
Et leurs croupes fumant et haletant blondissent.
Je te salue, ô Feu, toi qui m’as engendrée.
Je baise ma main et t’adresse mon baiser,
O dieu splendide assis sur ton trône écarlate,
Et pour te louanger mon cœur fervent éclate
Comme la rose éparse hors du bouton brisé.
Je te salue, ô Feu, alors que l'ombre hagarde
Disparaît sous tes pas tonnants et radieux;
Je te salue, ô Feu, avec le cri que darde
Le coq: javelot pourpre ensanglantant les cieux.
Je te salue, ô Feu, toi qui mugis; ô Verbe
Gigantesque épandu dans l'éther étourdi.
Ton geste impérieux, vers les êtres brandi,
Incline avec nos cœurs l’yeuse, le chêne, l’herbe.
Je te salue, ô Feu, comme jadis l'ont fait
Mes pères amoureux, caressés par ta flamme;
Vers ton brasier géant, je projette mon âme,
Qui, dans son noir cachot, ma chair vaine, étouffait.
Je te salue, ô Feu viril qui me pénètre,
Amant cher, tiaré d'or clair et de rubis,
Avec la même voix que mes lointains ancêtres
Dans la plaine aryenne où passaient leurs brebis,
Je te salue, ô Feu, face auguste de l'Etre.
You I salute, oh Fire…
You I salute, oh first-born of gods, sacred Fire!
When you kindle the sky, with great bounds hills respond
And, steaming and panting, round summits soon turn blond.
You I salute, you who engendered me, oh Fire.
I kiss my hand and then address this kiss to you,
Oh marvellous god on your scarlet throne on high,
To sing your praise my fervent heart bursts open wide
As does the rose that from its bud springs out anew.
You I salute, oh Fire, as when crazed shades, aghast,
Take flight at your steps’ radiant increasing roar;
You I salute, oh Fire, with the cock’s cry a shaft –
A purple javelin, staining the skies with gore.
You I salute, oh Fire, you who flare out; oh vast
Word of great power spread throughout stunned upper air.
Your imperious gesture made at beings there
Inclines, as do our hearts, the ilex, oak tree, grass.
You I salute, oh Fire, as amorous ancestors
In former times did, caressed by your flame in spate;
Project my soul towards your gigantic brazier
From its dark dungeon which vain flesh would suffocate.
You I salute, oh virile Fire that pierces me,
Dear lover, with your crown of rubies and bright gold,
With the same voice of distant ancestors of old
On the Aryan plain, their ewes watched constantly.
You I salute, oh Fire, great countenance of Being.
Les Pastorales, 1908.
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