Friday, 12 February 2021

Marie Dauguet: 'Le parfum des tilleuls'

Le parfum des tilleuls

 

Aux portes de la ferme où se taisent les dogues,

Sur le jardin, l’étable et le vieux puits dormant,

Le parfum des tilleuls s’étale obscurément;

De l’été survenant, c’est le divin prologue.

 

Le parfum des tilleuls en la nuit blonde vogue

Et pénètre les cœurs d’un tendre enchantement.

Dans le soir tiède et doux comme des bras d’amant,

Les chalumeaux du vent ont des langueurs d’églogue.

 

Tout s’émeut. On entend l'horizon haleter,

La terre sensuelle et lourde palpiter,

Que l'émoi des pollens féconds enthousiasme. 

 

Ma lèvre est appuyée à la lèvre des dieux,

Tant s’épanche, invincible, envahissant les cieux,

Une odeur de baisers, d’étreintes et de spasme.

 

 

The scent of lindens

 

At doorways of the farm, where mastiffs silent lie,

Over the garden, stable, old well fast asleep,

The scent of lindens vaguely spreads and seeks to creep;

Prologue divine of summer that will soon be nigh.

 

The scent of lindens and pale night now gently drift

And penetrate all hearts with mild enchanting charms.

In the warm gentle evening, as in a lover’s arms,

The wind-caught torches yearn with longing young and swift.

 

All is astir. One hears the skyline’s heaving girth,

The palpitating, sensual and heavy earth

Which potent pollens goad to mounting ecstacy.

 

My lips to lips of gods I firmly now apply,

So much pours out, invincible, invades the sky,

A reek of kisses, clasps and spasms smothers me.


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