C'est fini du vent brutal...
C'est fini du vent brutal, des brises rêches,
Qui miroitaient à travers l'air,
Et coupaient en cinglant les branches sèches
Et les joncs comme des faux d’acier clair.
Il est venu le temps où la carpe qui fraie
Se flâtre indolemment aux pousses des iris,
Où le crapaud sanglote en amour sous la haie,
Où de la sève glue aux bourgeons de cassis.
Il est venu le temps où, béante d'extase,
La grenouille égarée entre les bleus orchis
Flotte aux premiers soleils qui tiédissent la vase
Et revêt son maillot d’agate et de lapis.
Brusquement, quelque part, une loutre éternue,
Et le morbide encens monte à travers les joncs,
L'odeur de volupté des marais s’accentue,
Qui parle aux sens tout bas avec des mots profonds.
Plus de ruisseaux vitreux dont les remous se figent
A la mousse craquante et plus de noirs agrès,
Branchages dépouillés qui vibrent et s’érigent
Sur le ciel froid autant qu'une dalle de grès.
La résine suinte à l’écorce des mélèzes,
De la tendresse fond sous l'aubier trop étroit,
Et le Désir puissant surgit, dont rien n’apaise
L’ardeur et qui nous prend et lentement nous baise
Aux lèvres, comme un amant qui serait roi.
An end to brutal winds…
An end to brutal winds, and to rough breezes too
That glinting through the air would keel
And with their lashing slash dry branches through,
Slit rushes – as if scythes of burnished steel.
The time has now arrived when early-spawning carp,
Their bellies flat, by sprouting iris idly lie,
When sobbing from the love-sick, hedge-hid toad is sharp,
When sap sticks to blackcurrant buds and will not dry.
The time has now arrived when, gaping with delight,
The frog astray midst orchids of deep azure hue
Floats in the sludge that’s warming in sun’s early light
And dons once more his coat of agate and sky-blue.
An otter sneezes suddenly, somewhere downstream,
From rushes morbid incense rises to the sky
The sensual stench of marshes grows yet more extreme
And whispers stirring words to senses running high.
No more the glassy streams whose eddies jell when checked
By crunching foam and froth and no more blackish gear
Of trembling branches stripped of leaves that stand erect
Against a sky like slabs of sandstone cold and drear.
The resin oozes down the bark of slim larch trees
Beneath tight sapwood tenderness melts everything,
And strong Desire whose ardour nothing can appease
Takes hold of us and on our lips with greatest ease
Showers kisses – like a lover who would be king.
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